Le Bois Noir

Astoin (04)

21 / 04 / 2024

 

 

Partis à 8 heures de Forcalquier, nous avons pris la direction de Sisteron, puis celle d' ASTOIN petit hameau à l'écart de la route de Turriers et en passant par le célèbre tronçon des ''tourniquets''.

 

Nous sommes 15 au départ de cette journée qui s'annonce belle, malgré un petit vent frisquet. C'est Danièle et Patrick qui proposent cette randonnée.

 

Nous les suivons d'un pas décidé jusqu'au hameau d'Astoin, accueillis par les aboiements d'un toutou qui monte la garde ; ça y est nous sommes repérés ! Un four à pain qui semble en état de marche, est situé en plein milieu des maisons. Nous passons devant la petite église et tout de suite nous entrons dans le vif du sujet, côté dénivelée. L' ascension vers le Bois Noir commence, dans le pays du gypse omniprésent sous nos pieds. Après un sol couvert de maigres végétaux, nous abordons une terre plus arborée. Essentiellement plusieurs espèces de pin et du taillis. Après une heure et demi de marche l'excuse de ''la pause banane'' est l'occasion pour Patrick de nous faire une présentation très détaillée du lieu.

 

Nous sommes sur un site dont le sol regorge de gypse : 200 à 300 mètres de ce minéral sous nos pieds ! De quoi donner à certains l'idée d'acheter des terrains depuis 30 années et d'exploiter une mine à ciel ouvert pour extraire puis transformer le gypse en plâtre et ses dérivés. C'est le cas de la multinationale allemande Knauff. En 1999, elle achète 68 hectares et imagine l'exploitation de 230 ha sur une durée d'un siècle avec les ressources dont disposent les communes d'Astoin et Turriers.  Bien entendu les départements des AHP et des HA ont des intérêts économiques dans cette exploitation mais pas les mêmes points de vue. Après maintes manifestations et levée de bouclier, dont les traces se font encore voir sur les murs de la région, le projet échoue… pour l'instant (abandon non officiel). Les politiques locaux se sont aperçus que l'investissement pour les infrastructures routières, s'élèveraient entre 12 et 20 millions d'€uros sur les AHP.

 

Mais revenons à la grande histoire.

Comment s'est formé ce ''trésor'' géologique ? On est au trias (240 millions d'années), la Pangée, le super continent est à hauteur de l'Equateur. Il se déplace vers le nord, se brise. Les morceaux s'éloignent. Une mer s'installe le sel et les sédiments se déposent ; dans ce grand chambardement les morceaux se cognent, l'Eurasie plonge sous le Gondwana jusqu'à 50 à 100 km de profondeur. Vers 40 millions d'années les plaques tectoniques se heurtent. Il y a compression, chevauchement et plissement ; le gypse tient lieu de 'savonnette' de lubrifiant permettant ainsi aux plaques de glisser l'une sur l'autre. Le climat est chaud et humide, nous sommes au temps des dinosaures . Les hominidés apparaîtront dans 37 millions d'années, les sapiens dans 39,7 millions d'années, il y a 300,000 ans  Les continents sont là où nous sommes aujourd'hui. 

 

Ce gypse utilisé depuis la plus haute antiquité, servira entre la Renaissance et le 19ème siècle à de très belles sculptures en stuc, qui orneront les riches demeures. Il reste un matériau essentiel dans la construction et soulignons que son usage est 'éternel' puisqu'il peut être réutiliser à souhait. Un moulin à gypse est encore visible à Clamensane. Le procédé de transformation du gypse en plâtre est détaillé par Patrick.

 

Reprenant notre marche, nous découvrons de beaux canyons blancs, quelques cheminées des fées, des paysages rongés par l'eau qui fond le minéral et des dolines. Après un col, bien venté, d'où notre vue se pose sur les Alpes enneigées, nous traversons une belle prairie et des sagnes (sol gorgé d'eau). Des fermes isolées s'aperçoivent dans leur écrin de verdure   et au loin les villages de Turriers, St Martin les Seyne. Certains nomment cette contrée la petite Suisse…

 

Puis c'est le retour vers Astoin ; l'arrêt déjeuner, se fait tout près d'un enclos dressé par l' ONF, dans la forêt domaniale des gorges du Sasse. Ce projet expérimental ''Ilôt d'avenir pour dessiner les forêts de demain'' a pour but de sélectionner des espèces d'essences plus adaptées au changement climatique : calocèdre, cèdre de l'Atlas, pins des Balkans, pin de Salzmann, sapin de Céphalonie. Il fait l'objet d'un suivi scientifique.

 

A partir de ce lieu nous découvrons les verts tendres des feuillus et des mélèzes qui se mélangent dans une belle palette de couleur, avec les résineux à feuilles persistantes. Dominant la forêt le sommet des Monges est encore enneigé.

Beau spectacle pour un pique nique convivial qui se terminera par une sieste au soleil.

Puis c'est la descente vers le hameau.

 

Retour aux voitures vers 15h30.

Dénivelée : 500 mètres

Distance : 11 km.

 

L.M