La Combe depuis Vitrolles

Vitrolles en Luberon (84)

10  /  04  /  2024

 

Les randonneurs ayant déjà rangé bonnets et gants le regrettent dès le départ de la randonnée. Pourtant nous sommes sur le versant sud du Luberon où les arbres sont déjà feuillus et les iris épanouis.

 Au sommet il ne sera même pas possible de photographier le panorama à cause d’un mistral qui nous renverse, fait voler les chapeaux et nous glace comme en hiver. La montée au sommet par une piste puis de jolis sentiers herbeux dure toute la matinée. Partout des tapis de fleurs, narcisses, jonquilles, aphyllantes et autres dont on recherche le nom. Merci Plantnet !

 Nous passons d’un panorama plein sud avec la Croix de Provence, à plein est avec les sommets alpins enneigés, et plein Nord avec le Mont Ventoux. Quelques raidillons et du Coteau de la Combe (1038m) nous redescendons chercher un abri non venté pour le pique nique. C’est un bon soleil d’avril qui laissera quelques traces hâlées sur les visages et les avant bras. Petite descente, petit raidillon sur une sente caillouteuse, passage en crête et descente jusqu’à Vitrolles en Luberon, notre point de départ. Les premiers de cordée sont plein d’entrain, et filent dans les bois et les pierriers.

 Des haltes sont nécessaires pour rassembler tous les randonneurs et randonneuses mais de toute façon le serre-file veille au grain ! Petite halte devant le château du Grand Pré qui fut construit en 1678 pour Françoise de Cambis, veuve d’Honoré de Brancas Forcalquier, comte de Forcalquier. En 1753, le château est vendu à Jean d’Ailhaud, docteur en médecine et chirurgien, l’inventeur d’une poudre purgative réputée dans toute l'Europe qui lui permis de devenir un secrétaire du roi Louis XV. Je ne peux m’empêcher de vous donner la recette « Prenez une quantité donnée de suie de cheminée, de celle qui est cristallisée et luisante ; réduisez-la en poudre ; passez-la au tamis de crin ; torréfiez-la avec une poêle de fer, en la remuant jusqu’à ce qu’elle ait perdu la plus grande partie de son odeur fuligineuse et de son amertume : retirez-la du feu, laissez-la refroidir ; réduisez-la encore en poudre ; passez au tamis de crin. Alors sur 64 parties de cette poudre, ajoutez-en 8 de résine de scamonnée. Mêlez le tout ensemble exactement et mettez-le dans la même poêle sur un feu léger, capable de fondre la résine sans la brûler, et de mêler intimement les deux parties ensemble ; vous observerez de remuer toujours. Quand le tout est intimement mêlé, réduisez-le en poudre subtile, et ajoutez 4 parties de poudre de gérofle récemment préparée ; passez le tout à travers un tamis de soie, et divisez en paquets ou prises d’un gros. » Le fils et le petit-fils de Jean d’Ailhaud poursuivront l’aménagement de la propriété en bâtissant une usine dédiée à la fabrication de la poudre purgative, un moulin à huile, un colombier et des jardins. Il y a 40 ans, l’homme de culture Frederic Mitterrand tombe sous le charme de la bastide, dont il retrace la longue histoire et la renaissance récente grâce à de nouveaux propriétaires dans son film »La Belle Endormie ». Pour la petite histoire, les fresques ont été sauvées de l’humidité par un ami forcalquiérien dont je tairai le nom car il est modeste comme tous les travailleurs de l’ombre. On aurait bien aimé se désaltérer mais comme d’habitude, aucun bar n’est ouvert même dans les bourgs environnants. Merci à Brigitte et Patrick pour ce beau parcours. Dénivelé 670 m, 17 kms.

 

HS et BM