Randonnée Patrimoine
Lacoste (84)
17/09/2023
Sabrina a eu l’heureuse idée d’avancer d’une journée la rando prévue le mercredi (qui s’annonce pluvieux) et ainsi nous sommes 19 marcheurs prêts à faire cette belle balade par un soleil éclatant. Nous partons de Lacoste et contournons le village pour nous rendre d’abord au lavoir de Fontpourquière, construit sur la commune de Lacoste mais alimenté par une mine d’eau qui capte une source de Goult. Bel exemple de coopération villageoise. Entre villas de prestige et vieux mas restaurés pour des résidents primaires ou secondaires dotés de quelques moyens, nos pas nous conduisent ensuite à la chapelle Saint-Véran, datée du XIe siècle, puis dotée d’une seconde chapelle du XII e emboitée dans la précédente et de quelques aménagements du XIIIe. Sabrina nous raconte l’histoire de saint Véran, évêque de Cavaillon (VI e) qui arrêta la Couloubre, un dragon qui menaçait les habitants du pays, et qui s’envola ensuite jusqu’à un village de montagne, le bien nommé Saint-Véran, en traçant symboliquement dans le ciel la route de la transhumance entre la basse Provence et le Queyras.
La suite du parcours nous réserve de belles surprises nichées dans les bois de chênes verts : une grosse ferme en pierre sèche en ruine dotée de linteaux en pierre de belle taille, une borie très originale à double entrée et multi-cellules, de grands murs magnifiquement appareillés, délimitant un enclos. Pour quel usage ? On ne le sait pas... encore. C’est ensuite l’arrivée à Saint-Hilaire, après avoir longé les carrières de molasse miocène (connue comme « pierre du Midi).Saint-Hilaire a d’abord été un couvent de Carmes. Point d’eau et grottes, paysage de terrasses et végétation rappelaient à saint Hilaire la topographie du Mont Carmel et l’ont incité à créer ici un établissement religieux au XIIIe siècle. Celui-ci sera vendu après la Révolution à des paysans qui en exploitent les terres (blé, oliviers, vigne). C’est aujourd’hui une propriété privée que les propriétaires s’attachent à restaurer et mettre en valeur. Des fouilles archéologiques permettent, année après année, d’en mieux connaître l’histoire comme nous l’explique la maîtresse des lieux qui a la gentillesse de nous accompagner et de nous régaler du bon raisin de sa treille.
Retour vers Lacoste pour une visite rapide du village. Mais, impossible de visiter Lacoste sans parler de l’action de Pierre Cardin. En 1991, il rachète le château du marquis de Sade à un couple d’enseignants qui en avaient entrepris la restauration. Il le restaure et crée un festival dans les carrières qui le jouxtent. Mais peu à peu, il s’empare à coup de billets, de 50 maisons du village, expulsant de fait une partie des habitants, faisant monter les prix et déclenchant l’hostilité des locaux. Il ira même jusqu’à vouloir faire un golf 18 trous, dans ce pays sans eau ! En fait, la vie du village avait commencé à changer dès 1971 où un artiste américain, Bernard Pfriem, installe une école d’art et fait venir des artistes de renom comme Breton ou Max Ernst. La commune apprécie son action et lui offre 31 maisons en ruine à restaurer pour l’accueil des étudiants. En 1991, son école fusionne avec l’école de Savannah Art and design pour donner le SCAD (Savannah college of art and design) qui reçoit chaque année de nombreux étudiants américains. L’anglais serait-il devenu le nouveau patois local ? Difficile d’échapper à cette langue quand on traverse le village.
Un petit groupe termine la journée par la visite de l’exposition des costumes créés par Christian Lacroix pour l’opéra Peer Gynt donné par la Comédie française en 2012.
14 kms – 250 m de dénivelé
D.M.