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Du lac Des Mesches à La Minière

25  /  06  /  2023

 

Il est 15H00 sur le parking du Lac des Mesches, les 12 randonneurs sont au rendez-vous pour le départ de ce séjour dans la vallée des Merveilles organisé par Liliane.

Nous empruntons la piste qui conduit à notre premier refuge. C’est une piste située en plein Ubac. Ici la nature est luxuriante, riche de grandes espèces d’arbres et de plantes de sous-bois. Nous découvrons les premiers Lys Martagon encore en boutons. La piste a été fracassée par la tempête Alex nous faisant découvrir l’amplitude de cette mutilation dans ce territoire escarpé et isolé.

 

Au bout de 50 min (1,6 km et dlée : 120m) nous parvenons à notre gîte. Le refuge de la Minière a été aménagé dans les locaux de l’ancienne mine métallifère et présente de vastes locaux destinés à l’accueil de stagiaires et de scolaires.

Les plus courageux suivront Joël dans une petite rando forestière au-dessus du gîte de 2,2km et 180 m de dénivelée.

 

 

JC

J 2

26  /  06  /  2023

 

Il paraît que le garde du parc est devenu une espèce plus rare que le loup. Mais nous n’avons pas eu besoin de piège ou de caméra infra-rouge pour en trouver un. C’est Alain qui va nous accompagner aujourd’hui pour nous faire découvrir les gravures (ou pétroglyphes) de la vallée des Merveilles. Autrefois en accès libre mais souvent dégradées intentionnellement ou pas par les marcheurs, les gravures hors sentier ne peuvent plus être visitées qu’avec un guide « labellisé ». Elles sont classées Monument historique depuis 1989.

 

Alain nous rejoint au gîte de la Minière dès 8 heures et va, tout au long du parcours, nous faire bénéficier de sa connaissance fine du territoire, de son histoire un peu complexe (Tende et La Brigue n’ont été rattachées à la France qu’en 1947 après un référendum), de sa culture, de sa géologie, de sa richesse botanique.

 

 Première étape, le refuge des Merveilles où nous passerons la nuit et où nous laissons nos sacs pour partir allégés à la découverte des fameuses gravures. Elles sont situées sur des roches rabotées par les glaciers, les Chiappe, dont on repère de loin les formes douces et la couleur verte ou ocre-rose. On en dénombre plus de 40.000. Les gravures sont incisées dans la roche verte appelée pélite, suivant la technique principale des cupules par percussion. La plupart remontent au Néolithique final ou à l’Âge du bronze ancien. Signalées dès l’époque romaine (un document conservé dans un monastère de Crète en fait foi), elles ont été étudiées par Clarence Bicknell puis par Carlo Conti et, à partir de 1967, par Henri de Lumley et ses équipes. Elles représentent essentiellement des « corniformes » ou têtes de taureaux, des poignards (dont la forme permet de dater les gravures), des hallebardes, des quadrillages interprétés comme des enclos et quelques figures anthropomorphes. Alain connaît remarquablement les emplacements des gravures dont le repérage n’est pas toujours évident pour le néophyte et nous fait crapahuter à sa suite dans les rochers pour découvrir celles qui sont loin des sentiers comme le fameux « sorcier ». Il nous montre également des gravures plus récentes, dites linéaires (du Moyen Âge au XVIIIe siècle), dessins de bateaux (ex-voto ?) ou signatures de bergers ou de soldats. Il enrichit sa visite du récit de légendes concernant le site comme celle du lac Saorgin où un berger venu de Saorge a été entraîné par le diable au fond du lac avec son troupeau ou celle de la cime du Diable.

 

Les nombreux toponymes faisant référence au Diable, au sorcier (Valmasque), à l’Enfer, etc. confirment la dimension spirituelle forte de la vallée des Merveilles, ce nom lui-même signifiant « sortilèges » plus que lieu merveilleux. Alain s’aventure à nous livrer les différentes interprétations avancées par certains chercheurs, parfois contestées pas les archéologues. Le mont Bego aurait été considéré comme une montagne sacrée par les populations autochtones du fait des eaux qui y naissent et de la foudre qu’il attire. Cela expliquerait pour certains la présence de ces gravures, sorte de langage symbolique essentiellement religieux, permettant la communication avec le divin. Mais on doit noter que les gravures de la vallée des Merveilles ne sont pas isolées, elles ont leurs cousines dans d’autres sites de montagne dont le fameux Val Camonica, en Italie du nord.

 

La journée est bien avancée lorsque nous redescendons au refuge sous le regard des chamois qui s’approchent sans crainte. Nous sommes riches des multiples commentaires de notre guide qui redescend dans la vallée tandis que nous nous installons pour la nuit dans notre refuge.

 

Nous aurons fait aujourd’hui 13 kms et 1000 m de dénivelé.

 

D.M.

 

 

J 3

27  /  06  /  2023

7H30 : 7 courageux randonneurs s’élancent vers le Mont Bégo tandis que les 5 autres (éléments féminins uniquement), pour des raisons de pathologies diverses, décident avec un départ 10 minutes plus tard, de rejoindre la Baisse de Valmasque (2.552 m), point de jonction prévu des 2 groupes, par le GR 52.

En cours de route, rencontre avec des bouquetins peu farouches qui regardent passer les randonneurs comme les vaches regardent passer les trains.

Un dernier regard aux gravures rupestres (le Christ) du Bégo avant de rejoindre le pied de ladite Baisse.

La montée est avalée en 45 mn avec une arrivée à 10h15.

Calculs étant faits par rapport au groupe du Bégo que nous pensons encore très loin, nous décidons de continuer jusqu’au lac Basto où nous trouvons un coin sympathique pour le pique-nique et où le groupe du Bégo nous rejoint vers 12h20.

Après une petite sieste, le chemin pour rejoindre le refuge de Valmasque n’est qu’un long fleuve tranquille parsemé de lacs (Basto, Noir et Vert).

 

Les premières arrivées à 14h30 décident de faire une toilette de chat au seul lavabo accessible à l’extérieur du refuge (pas de douche) avant l’heure de pointe et le regroupement général devant une bière bien méritée et l’installation dans le dortoir où la nuit sera troublée par quelques ronflements intempestifs.

J 4

28  /  06  /  2023

Nous avons quitté le refuge de Valmasque avec le guide Alain et le journaliste Thomas pour nous rendre au refuge de Fontanalbe.

Jolie descente et vue sur une cascade. nous longeons le torrent de Valmasque puis nous empruntons l'ancienne route militaire. Enfin nous découvrons le patrimoine archéologique exceptionnel de la Voie Sacrée, protégé au titre des monuments historiques.

Les gravures préhistoriques qui sont représentées, les armes et les outils sont dominés par les poignards et les hallebardes (figures géométriques) et des figures anthropomorphes.

Les graveurs préhistoriques utilisaient des pointes de quartz qu'ils appuyaient et faisaient tourner sur la surfaces des roches.

Certaines gravures associent des traces d'outils de taille et de forme variées.

 

O et X

J 5

29  /  06  /  2023

Après la nuit passée au refuge de Fontanalba, nous repartons au matin pour rejoindre le gîte de la Minière et fermer la boucle commencée 5 jours plus tôt. Il a plu dans la nuit et le brouillard est descendu dans la vallée. Après environ 300m de montée, nous atteignons la baisse de Valauretta. En cours de route nous sommes passés près d’anciens casernements et vestiges d’ouvrages militaires défensifs italiens. Nous entamons la descente, toujours dans le brouillard, sur un joli sentier serpentant dans la forêt au travers d’herbes humides qui ont tôt fait de nous tremper les pieds, d’autant plus qu’une petite pluie s’est invitée sur notre passage. Enfin après environ 900m de descente nous arrivons aux granges de Vallaure et traversons un beau troupeau de vaches blanches, où un magnifique taureau semble heureusement plus intéressée par une copine que par notre groupe. La minière de Vallauria n’est plus bien loin. Une fois arrivés nous tuons le temps en attendant l’heure du pique-nique, petite sieste et il est temps de nous préparer pour la visite de la mine. Elle se situe à 15 km de Tende sur la route de Casterino. A Vallauria au 11 et 12ème siècle, les mineurs creusent la roche grâce à la technique d’abattage par le feu, pour exploiter le filon de plomb-argent, façonnant ainsi d’immenses salles aux voûtes noircies par la suie, sorte de cathédrales souterraines.

L’exploitation reprend au milieu du 18ème siècle. Plusieurs entreprises se succèdent pour extraire cette fois le minerai de zinc jusqu’en 1930, date de fermeture définitive du site minier.

Durant ces 2 siècles, s’est presque 20 kms de galeries qui sont creusées à l’explosif, s’étageant sur 160m  de hauteur. Le hameau de la minière est créé pour faire face à l’isolement du site : les ouvriers vivent sur place et travaillent sous terre ou dans les ateliers de traitement du minerai. Une école et une chapelle sont construites. Après avoir servis de casernement pour l’armée italienne en 1939, puis avoir été livrés à la ruine, les bâtiments sont acquis en 1961 par l’association Neige et Merveilles. Désormais le site est un gîte d’étape et de séjour, situé à 2h de marche de la vallée des Merveilles.

Le patient travail des archéologues en 2009 nous livre enfin la compréhension du plus grand site minier des alpes du sud.

Notre périple se termine, le lendemain sera consacré à la visite de Tende et de son musée et après un dernier repas au restaurant, nous reprenons la route.