La montagne de Gache depuis le col de Mezien

Saint-Geniez (04)

20  /  12  /  2023

 

Nous démarrons la randonnée à 15 au col de Mezien, 814 m d’altitude, au-dessus de Sisteron, emmenés par Louis. Le ciel est couvert, le vent du Nord-Ouest nous oblige à rester chaudement vêtus. Nous espérons cependant de belles éclaircies dans la journée. Après avoir franchi le premier plateau, nous apercevons la barre rocheuse de la montagne de Gache.

Nous sommes prévenus, c’est là-haut qu’il faudra grimper et franchir le sommet. Le sentier alterne pentes assez raides et replats à flanc de falaise qui domine la vallée de la Sasse. A l’abri du vent qui commence à forcir, premier arrêt pause banane avant le franchissement de la barre rocheuse par une faille bien tracée. Les appuis sont bien marqués et en se hissant et soufflant on parvient sur le plateau rocheux (1327m).

Le vent froid nous saisit mais on profite d’un panorama grandiose sur les sommets enneigés et ensoleillés du Devoluy et du Gapençais en toile de fond. La falaise est verticale et prudemment nous explorons les traces écrites sur des dalles de pierre calcaire formant le sol.

Patrick nous aide à déchiffrer les différentes épigraphies dont la plus importante et la plus ancienne (1865) est l’oeuvre de Xavier Deschaux, natif de Sisteron en 1824. Marié à 25 ans, le jeune tourneur sur bois perd successivement ses sept enfants et sa femme. Se retrouvant seul, il retourne vivre à Sisteron où il commence à graver des poèmes quelque peu mystiques dans les montagnes alentours. Son retour à Marseille en 1865 marque le début d’une errance mystique qui durera quatre ans et durant laquelle il laissera son empreinte via ses gravures dans les Calanques. Il mettra fin à ses jours en 1868 dans une grotte qui porte aujourd’hui son nom. Triste destin.

 Nous cheminons sur la longue crête en marchant plein Est. De curieux totems ébranchés se dressent en bordure de crête. Nous abordons la descente pour nous mettre à l’abri du vent et pique-niquer. Le soleil apparaît enfin et nous profitons de ses rayons chaleureux. Après une rapide sieste pour certains, nous reprenons la descente jusqu’à la route de Saint Geniez, qui longe le cours encaissé du Riou de Jabron et au bord de laquelle nous trouvons sur une des parois des inscriptions latines.

C'est ici nous dit la Pierre Ecrite que Claudius Postumus Dardanus, homme illustre de l’Empire romain, Préfet des Gaules de 409 à 414, se serait retiré pour créer son propre domaine, un lieu du nom de THEOPOLIS (la cité de Dieu), site à nos jours inconnu. Le passage à travers les gorges nécessita de tailler dans la roche et de déblayer les blocs rocheux. Cet exploit fut glorifié et gravé sur la paroi du défilé probablement durant le second quart du Vème siècle. Nous sommes à l'époque du déclin de l'empire romain qui se trouve assailli par la poussée des barbares envahissant la Gaule.

Mais ici dans le défilé de la Pierre Ecrite nous sommes bien loin, en pleine montagne, du théâtre des opérations barbares. Un peu de route et nous remontons par un joli sentier vers la crête qui nous permet de rejoindre le chemin du départ et revenir aux voitures.

Dénivelé 740 m, 13,20 km

 

BM